Hommage à Maurice Robert, notre Président d’Honneur disparu le 8 décembre dernier

Hommage à Maurice Robert, notre Président d’Honneur disparu le 8 décembre dernier

260px maurice robert a la foire du livre 2010 de brive la gaillarde

Maurice Robert était le Président d’Honneur de l’ARAL. Il est mort le 8 décembre à 92 ans. Il était respecté et admiré. Plusieurs membres de notre association ont écrit spontanément : «c’était un grand Monsieur». Il laisse une oeuvre importante consacrée au Limousin et à la culture limousine. Vous pouvez retrouver tous ses livres à la Bfm qui les a réunis depuis sa disparition en forme d’hommage sur une table ronde, à l’entrée du Pôle Patrimoine, au 1er étage. Ce fut un honneur pour l’ARAL lorsque Maurice Robert a accepté d’en devenir, dès le commencement, le Président d’honneur. Il avait accepté, car il était en accord complet avec le but premier de l’ARAL : mettre en valeur les richesses du patrimoine et de la culture du Limousin. C’est d’ailleurs Maurice Robert qui a ouvert en décembre 2015 nos manifestations, avec notre première conférence, amphi Clancier, sur la notion de limousin. Ce fut aussi un autre honneur et beaucoup de reconnaissance, lorsqu’il a décidé en 2017 de dissoudre la Société d’Ethnographie et de Sauvegarde du Patrimoine Limousin qu’il présidait, et de fusionner avec l’ARAL en nous faisant don du solde de la société d’anthropologie. Personnellement, j’ai été heureux et fier que les motivations de l’ARAL qui ont été à l’origine de sa création aient rencontré et croisé les projets plus scientifiques de Maurice Robert. L’oeuvre importante de l’ethnologue, spécialiste de la région, rend compte avec justesse et rigueur, de la structure, du fonctionnement et de l’évolution de la société rurale et artisanale limousine. Maurice Robert a passé son enfance à Chalus et Pageas. Cette expérience rurale - il était issu d’une famille d’artisans-paysans - a certainement permis à son attirance pour la sociologie et l’ethnologie de se former et de s’enrichir. Sa carrière force l’admiration. Instituteur, professeur, puis attaché au CNRS, docteur en ethnologie, docteur es lettres également, directeur de recherche honoraire au CNRS, co-animateur de l’Association française des anthropologues et de l’Association des ruralités françaises, il est l’auteur de plus de trente ouvrages personnels consacrés pour la plupart à l’étude de la société rurale, domaine dans lequel il est reconnu aujourd’hui comme un auteur de référence. Pour donner une idée plus précise de ces livres que vous pourrez retrouver à la Bfm, je donnerai ici deux exemples : - La Maison, le village, le paysan en Limousin : Habitat rural et communauté paysanne, Société d'ethnographie et de sauvegarde des patrimoines en Limousin, 2006 (quatrième édition revue et complétée). - Magie, sorcellerie et « guérissage » en Limousin, Éditions Lucien-Souny, 2003. Le premier ouvrage La maison et le village en Limousin est un ouvrage de référence sur l’organisation de l’espace dans les villages limousins, sur l’architecture rurale qui y est d’une grande variété et originalité par les techniques mises en œuvre et sur le mobilier des campagnes limousines. Parler d’espaces et de demeures, c’est parler aussi de relations sociales, de parentés, d’organisation du travail, de symbolique aussi. L’ouvrage magie sorcellerie guérissage se penche sur ces pratiques qui suscitent des comportements étonnants, éveillent un intérêt qui n’a pas de frontières (ni celles de la ville et des champs, ni temporelles car toutes les générations qui se sont succédé depuis des siècles sont concernées). C’est un livre dense nourri d’informations orales ou écrites, recueillies avec patience et rigueur. Avec passion aussi. On y rencontre une singulière galerie de guérisseurs, tel le curé de Pageas!) mais encore des bêtes, des plantes, des fontaines aux pouvoirs magiques. Maurice Robert a abordé dans le domaine de la culture et de la société limousines des thèmes aussi variés que l’architecture, «les blagues, proverbes, contes et chansons en Limousin» (titre de son dernier livre publié en 2019). Il a aussi travaillé sur la langue limousine qu’il connaissait parfaitement et rédigé un dictionnaire patois-français. Pour l’ensemble de son oeuvre, nous avons été heureux de remettre en 2018 à notre Président d’honneur, un prix exceptionnel : le Prix d’Honneur ARAL, heureux aussi de lui offrir à cette occasion une oeuvre de Jean-Marc Siméonin offerte par l'artiste lui-même. Les membres de l’ARAl qui l’ont bien connu n'oublieront jamais sa simplicité et sa modestie étonnantes, son humour savoureux et sa bienveillance. Le Limousin a perdu comme le titrait le Populaire le 9 décembre un défenseur sincère et infatigable. L’ARAL a perdu un complice unique en «limousinité» et un ami fidèle.